La loi de finances pour 2022 a été publiée au Journal officiel le 31 décembre 2021. Le Conseil constitutionnel a validé l'essentiel de ses mesures (Cons. const., 28 déc. 2021, n° 2021-833 DC).
Cette année encore, la loi de finances est marquée par les conséquences de la crise économique et sanitaire liée à la Covid-19. Ainsi, de nouveaux dispositifs temporaires visent à soutenir l'activité des entreprises pendant la sortie de crise (exonération de l'indemnité inflation, calcul des plus-values en cas de transmission d'entreprises, amortissement temporaire du fonds commercial). Certaines mesures fiscales résultent du plan de soutien aux travailleurs indépendants ayant pour ambition de créer un statut unique pour les entrepreneurs individuels, plus protecteur que par le passé, et aboutissant à la suppression de l'EIRL en 2022. La loi de finances offre désormais à tout professionnel la possibilité d'opter pour l'impôt sur les sociétés pour l'imposition de ses bénéfices, sans changer de statut juridique.
Le Gouvernement poursuit par ailleurs la baisse des impôts pesant sur les entreprises avec notamment l'entrée en vigueur au 1er janvier 2022 d'un taux normal de l'impôt sur les sociétés à 25 % (contre 26,5 % en 2021), un nouveau crédit d'impôt en faveur de la recherche collaborative, et le doublement du crédit d'impôt pour formation du dirigeant. On notera également une mesure de soutien en faveur du secteur de l'hôtellerie et de la restauration avec l'exonération fiscale et sociale pour 2022 et 2023 des pourboires versés aux salariés dont la rémunération n'excède pas 1,6 SMIC.
Nous publions dans ce numéro spécial d'INFOGÉA les principales mesures issues de la loi de finances pour 2022 qui intéressent les travailleurs indépendants.
Source : Loi de finances pour 2022, n° 2021-1900, 30 déc. 2021 : JO 31 déc. 2021, texte n° 1
Pour l'imposition des revenus de 2021, les limites des tranches du barème de l'impôt sur le revenu sont indexées sur l'évolution annuelle prévisionnelle de l'indice des prix hors tabac en 2021 par rapport à 2020, soit 1,4 %.
Le barème de l'impôt sur les revenus de l'année 2021 s'établit comme suit :
BARÈME DE L'IMPOSITION DES REVENUS PERÇUS EN 2020 |
|
---|---|
REVENU IMPOSABLE (POUR UNE PART) |
TAUX |
N'excédant pas 10 225 € |
0 % |
De 10 225 € à 26 070 € |
11 % |
De 26 070 € à 74 545 € |
30 % |
De 75 545 € à 160 336 € |
41 % |
Plus de 160 336 € |
45 % |
Pour les revenus perçus ou réalisés à compter du 1er janvier 2022, les tranches des grilles de taux par défaut du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu sont actualisées dans les mêmes proportions (CGI, art. 204 H, III, 1, a, b et c modifiés).
Source : L. fin. 2022, art. 2
Situation actuelle. - Ouvrent droit à un crédit d'impôt de 50 % pour l'emploi d'un salarié à domicile les dépenses supportées par le contribuable au titre des sommes versées en rémunération des services rendus à sa résidence ou à la résidence de l'un de ses ascendants susceptibles de bénéficier de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) (CGI, art. 199 sexdecies).
Nouvelle mesure. - La loi de finances pour 2022 étend le bénéfice du crédit d'impôt aux prestations réalisées à l'extérieur du domicile telles que mentionnées par l'article D. 7231-1 du Code du travail, lorsqu'elles sont comprises dans une offre de services incluant un ensemble d'activités effectuées à domicile.
Entrée en vigueur. - Cette mesure s'applique à l'impôt sur le revenu dû au titre de l'année 2021.
Source : L. fin. 2022, art. 3
Situation actuelle. - Les personnes physiques domiciliées en France ayant la qualité de loueurs non professionnels qui acquièrent au sein de certaines résidences ou établissements, un logement neuf, un logement en l'état futur d'achèvement ou un logement ancien achevé depuis au moins 15 ans réhabilité ou qui fait l'objet de travaux de réhabilitation peuvent bénéficier, pour les investissements immobiliers qu'ils réalisent dans le secteur de la location meublée non professionnelle (LMNP), d'une réduction d'impôt sur le revenu (dispositif « Censi-Bouvard » ou LMNP). Cette réduction d'impôt est égale à 11 % du prix de revient des logements retenu pour sa fraction inférieure à 300 000 € (CGI, art. 199 sexvicies).
Nouvelle mesure. - Reconduite à plusieurs reprises, la réduction d'impôt Censi-Bouvard (LMNP) devait s'appliquer aux investissements réalisés jusqu'au 31 décembre 2021. La loi de finances pour 2022 proroge d'un an le dispositif qui s'appliquera donc aux investissements réalisés jusqu'au 31 décembre 2022.
Source : L. fin. 2022, art. 74
Situation actuelle. - Les dons effectués au profit d'organismes d'aide aux personnes en difficulté ouvrent droit à une réduction d'impôt sur le revenu au titre des dons aux œuvres et organismes d'intérêt général à taux majoré de 75 %, au lieu de 66 % (amendement « Coluche »). Les dons ouvrant droit à cette réduction sont retenus dans la limite d'un plafond annuel fixé à 552 €. Pour les années 2020 et 2021, un plafond majoré à 1 000 € a été fixé (CGI, art. 200, 1 ter).
Nouvelle mesure. - La loi de finances pour 2022 proroge de deux ans l'application de ce plafond majoré afin d'encourager la solidarité à l'égard des personnes en situation de précarité aggravée par la crise sanitaire et économique de l'année qui vient de s'écouler. Ainsi, les dons effectués en 2022 et 2023 au profit des organismes susvisés pourront être retenus dans la limite de 1 000 €.
Source : L. fin. 2022, art. 76
Situation actuelle. - Les contribuables qui acquièrent, entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2022, en vue de leur location, des logements anciens qui font concomitamment l'objet de travaux d'amélioration bénéficient d'une réduction d'impôt sur le revenu appelée “Denormandie ancien” sous certaines conditions. La réduction d'impôt s'applique également aux acquisitions, réalisées entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2022, de locaux affectés à un usage autre que l'habitation et qui ont fait ou qui font l'objet de travaux de transformation en logements (CGI, art. 199 novovicies, I, B, 5°).
Nouvelle mesure. - La loi de finances pour 2022 proroge d'un an la durée d'application de ce dispositif. Sont ainsi éligibles les investissements réalisés jusqu'au 31 décembre 2023.
Source : L. fin. 2022, art. 75
Situation actuelle. - Les plus-values de cession d'actifs numériques réalisées par les particuliers dans le cadre de la gestion de leur patrimoine privé sont actuellement taxables au taux de 30 % (12,8 % d'impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux) (CGI, art. 150 VH bis).
Nouvelle mesure. - Pour les cessions réalisées à compter du 1er janvier 2023, les contribuables auront désormais la possibilité d'opter pour l'imposition des plus-values au barème progressif de l'impôt sur le revenu.
Source : L. fin. 2022, art. 79
Annoncée par le Premier ministre le 21 octobre 2021, une indemnité exceptionnelle, individuelle et temporaire de 100 € pour soutenir le pouvoir d'achat est versée aux travailleurs indépendants sous certaines conditions, notamment de revenus, entre le mois de décembre 2021 et le 28 février 2022 (V. INFOGEA 19/2021).
La loi de finances pour 2022 prévoit que l'indemnité inflation n'est pas soumise à l'impôt sur le revenu (la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 a également prévu son exonération de cotisations et contributions sociales).
Cette aide n'est pas prise en compte :
Source : L. fin. 2022, art. 13
Situation actuelle. - Les opérations d'achat, de vente et d'échange d'actifs numériques effectuées dans des conditions analogues à celles d'un professionnel sont actuellement imposables dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).
Nouvelle mesure. - A compter du 1er janvier 2023, ces activités de trading sur actifs numériques effectuées dans des conditions analogues à celles qui caractérisent une activité exercée par une personne se livrant à titre professionnel a ̀ ce type d'opérations, seront imposées dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC) par détermination de la loi (CGI, art. 92, 2, 1° bis nouveau) et rejoindront les activités de minage ou de staking qui relèvent déjà des BNC.
Source : L. fin. 2022, art. 70
Au plan fiscal, le fonds de commerce n'est pas amortissable, comme tous les biens qui ne se déprécient pas de manière irréversible.
En cas d'acquisition d'un fonds de commerce, les éléments qui ne peuvent être inscrits à un poste distinct du bilan constituent le “fonds commercial” (C. com, art. R 123-186, al. 3). Cette catégorie résiduelle représente en quelque sorte la survaleur que l'entreprise accepte de payer au vendeur du fonds de commerce et qui concourt au maintien et au développement potentiel de l'activité de l'entreprise (PCG, art. 212-3, 2°). Le fonds commercial est donc un élément du fonds de commerce acquis et ne doit pas être confondu avec lui.
Au plan comptable, le fonds commercial n'est pas amortissable en principe, sa durée d'utilisation étant illimitée. Toutefois les petites entreprises sont autorisées à amortir sur 10 ans l'ensemble des fonds commerciaux inscrits à l'actif de leur bilan, sans avoir à justifier que les effets bénéfiques du fonds commercial sur l'exploitation prendront fin à une date déterminée (PCG, art. 214-3). Les petites entreprises s'entendent des commerçants, personnes physiques ou personnes morales, qui ne dépassent deux des trois seuils prévus au cours du dernier exercice clos (C. com., art. D 123-200) :
Même si l'amortissement du fonds commercial est prévu pour les PME par le droit comptable, l'Administration fiscale s'y est toujours opposée (BOI-BIC-AMT-10-20, 1er mars 2017, § 360), position confirmée par le Conseil d'Etat (CE, 8 sept. 2021, n° 453458).
Nouvelle mesure. - Afin de soutenir la reprise économique liée à la sortie de crise et les rachats d'entreprises, la loi de finances pour 2022 pose le principe de la non-déductibilité fiscale des amortissements des fonds commerciaux mais y apporte une exception temporaire pour les entreprises qui acquièrent leurs fonds entre le 1er janvier 2022 et le 31 décembre 2025 (CGI, art. 39, 1, 2°, al. 2 et 3 nouveaux). Les amortissements portés en comptabilité par les PME, pour des fonds commerciaux acquis pendant cette période, pourront ainsi être déduits fiscalement du résultat imposable.
Source : L. fin. 2022, art. 23
Un nouveau crédit d'impôt est créé en faveur des entreprises qui concluent, à compter du 1er janvier 2022, des contrats de collaboration avec des organismes de recherche et de diffusion des connaissances (ORDC) et qui financent, dans ce cadre, les dépenses de recherche exposées par ces organismes (CGI, art. 244 quater B bis, I-A nouveau).
Il s'adresse aux entreprises soumises à l'impôt sur le revenu (ou l'impôt sur les sociétés) exerçant une activité industrielle, commerciale ou agricole et qui sont imposées d'après leur bénéfice réel.
Les dépenses éligibles au crédit d'impôt s'entendent des dépenses facturées par des organismes de recherche et de diffusion des connaissances dans le cadre d'un contrat de collaboration de recherche conclu jusqu'au 31 décembre 2025. Les organismes doivent être titulaires d'un agrément délivré par le ministère de la Recherche afin de garantir aux entreprises que les organismes avec qui elles contractent ont la qualité d'ORDC.
Les travaux de recherche facturés doivent remplir deux conditions :
Le crédit d'impôt est égal à 40 % du montant des dépenses facturées par les ORDC, dans la limite de 6 millions d'euros par an. Ce taux est porté à 50 % pour les micro-entreprises et les PME au sens du droit européen.
Source : L. fin. 2022, art. 69
Comme l'avait annoncé le Président de la République lors de la présentation du plan de soutien en faveur des travailleurs indépendants (V. INFOGEA 16/2021), la loi de finances pour 2022 allonge les délais d'option et de renonciation à un régime réel d'imposition pour les petites entreprises imposées à l'impôt sur le revenu. Ces dispositions s'appliquent aux options et renonciations exercées à compter du 1er janvier 2022.
Bénéfices industriels et commerciaux (BIC)
En matière de BIC, les délais d'option pour un régime réel d'imposition ou pour le régime micro-BIC, ainsi que les délais de renonciation à l'un des ces régimes sont modifiés à compter du 1er janvier 2022.
Bénéfices non commerciaux (BNC)
Aucune modification n'est apportée au délai d'option pour le régime réel de la déclaration contrôlée, celui-ci étant déjà calé sur le délai de dépôt de la déclaration de résultats BNC (n° 2035) de l'année précédente.
En revanche, la loi de finances pour 2022 modifie le délai à de renonciation à l'option pour le régime de la déclaration contrôlée qui peut désormais être exercée dans le délai applicable au dépôt de la déclaration souscrite au titre des résultats de la période (n° 2035) précédant celle au titre de laquelle la renonciation s'applique (CGI, art. 102 ter, 5, al. 2 modifié).
Source : L. fin. 2022, art. 7
Situation actuelle. - Les professionnels soumis à un régime réel d'imposition de leurs bénéfices à l'impôt sur le revenu bénéficient d'un crédit d'impôt au titre des dépenses de formation exposées jusqu'au 31 décembre 2022 (CGI, art. 244 quater M).
Ce crédit d'impôt est égal au produit du nombre d'heures passées en formation pendant l'année civile, retenues dans la limite de 40 heures annuelles, par le taux du SMIC horaire en vigueur au 31 décembre de l'année.
Nouvelle mesure. - Afin d'encourager la formation professionnelle dans les très petites entreprises, la loi de finances pour 2022 double pour les micro-entreprises au sens du droit communautaire le montant du crédit d'impôt qui est désormais égal au double du produit du nombre d'heures passées par le chef d'entreprise en formation par le taux horaire du SMIC.
Entrée en vigueur. - Cette mesure s'applique aux heures de formation effectuées à compter du 1er janvier 2022.
Source : L. fin. 2022, art. 19, I-3°, IV
Situation actuelle. - Les entreprises relevant des métiers d'art et soumises à un régime réel d'imposition peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt sur le revenu au titre de certaines dépenses exposées jusqu'au 31 décembre 2022. Ce crédit d'impôt est égal 10 % ou 15 % des dépenses éligibles (CGI, art. 244 quater O).
Nouvelle mesure. - La loi de finances pour 2022 proroge d'un an le crédit d'impôt qui s'applique ainsi aux dépenses exposées jusqu'au 31 décembre 2023.
Source : L. fin. 2022, art. 85
Situation actuelle. - Les exploitants soumis à l'impôt sur le revenu dans la catégorie des BIC ou des BNC peuvent bénéficier d'une exonération d'impôt à raison des plus-values de cession à titre onéreux de leur entreprise individuelle ou des parts de la société dans laquelle ils exercent leur activité, à condition qu'ils cessent toute fonction dans l'entreprise ou la société et qu'ils fassent valoir leurs droits à la retraite dans un délai de deux années suivant ou précédant la cession (CGI, art. 151 septies A, I).
Nouvelles mesures. - Afin de faciliter les transmissions d'entreprises, notamment avec les difficultés qu'a pu créer la crise sanitaire, la loi de finances pour 2022 apporte deux modifications au régime d'exonération.
Tout d'abord, le délai de cession est exceptionnellement porté à 3 ans (au lieu de 2 ans) lorsque le cédant fait valoir ses droits à la retraite entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2021 et que ce départ en retraite précède la cession. Le cédant doit alors cesser toute fonction dans l'entreprise individuelle cédée ou dans la société de personnes ou le groupement dont les droits ou parts sont cédés, et faire valoir ses droits à la retraite dans les 3 années précédant la cession.
Le même allongement temporaire de délai s'applique en cas de plus-value revenant au nom de l'associé d'une société ou d'un groupement soumis au régime fiscal des sociétés de personnes qui cède son activité concomitamment à sa dissolution (CGI, art. 151 septies A, I ter). La cession peut ainsi intervenir dans les 3 années suivant la date à laquelle l'associé fait valoir ses droits à la retraite lorsque cette date est comprise entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2021.
Par ailleurs, la loi élargit les modalités d'application du dispositif en autorisant, sous certaines conditions, la cession d'une activité mise en location-gérance à toute autre personne que le locataire-gérant (CGI, art. 151 septies A, IV, 2°). Antérieurement, la cession devait impérativement être effectuée au profit du locataire-gérant. Désormais, le cédant est autorisé à transmettre le fonds mis en location-gérance :
Entrée en vigueur. - Ces dispositions s'appliquent à compter de l'impôt sur le revenu dû au titre de l'année 2021.
Source : L. fin. 2022, art. 19, I, 1° et III
Situation actuelle. - Les plus-values réalisées lors de la transmission d'une entreprise individuelle ou d'une branche complète d'activité peuvent bénéficier d'une exonération d'impôt sur le revenu ou en fonction de la valeur des éléments transmis (CGI, art. 238 quindecies).
A condition que l'activité ait été exercée pendant au moins 5 ans, cette exonération concerne les transmissions portant sur :
L'exonération d'impôt est :
Mesures nouvelles. - Afin de faciliter les transmissions d'entreprises dans le cadre de la sortie de crise, la loi de finances modifie le régime d'exonération sur plusieurs points.
Tout d'abord, pour les cessions réalisées à compter du 1er janvier 2021, les plafonds d'exonération sont rehaussés à :
Par ailleurs, le bénéfice de l'exonération est assoupli en cas de cession d'une activité mise en location-gérance. A compter du 1er janvier 2021, l'obligation de céder l'activité au seul locataire est supprimée et le cédant est désormais autorisé à transmettre le fonds à un tiers si :
Source : L. fin. 2022, art. 19, I-2°
Situation actuelle. - Les entreprises assujetties à la TVA en France qui réalisent des livraisons intracommunautaires de biens au départ de la France, ou des acquisitions intracommunautaires en France au départ d'un autre Etat membre, doivent souscrire mensuellement une déclaration d'échanges de biens (DEB). Cette déclaration déposée auprès de la Douane a une double vocation (CGI, art. 289 B et art. 289 C) :
Nouvelles mesures. - La loi de finances pour 2022 supprime la DEB et la remplace par deux formalités distinctes à la charge des opérateurs :
Déclaration d'enquête statistique
Les entreprises devront répondre à une enquête mensuelle statistique relative aux échanges de biens intra-UE. Seules sont concernées les entreprises ayant reçu une “lettre-avis” de la Douane les informant qu'elles font partie de l'échantillon annuel sélectionné (ce courrier a été adressé au mois de décembre 2021 a priori à tous les opérateurs ayant déposé une DEB en 2021).
État récapitulatif des clients
Cette nouvelle déclaration permet de maintenir une fonction de surveillance du respect des règles de TVA. Contrairement à la déclaration statistique, tous les assujettis réalisant des ventes intracommunautaires de biens à des clients assujettis à la TVA doivent souscrire cet état, dès le premier euro. Il sera pré-rempli des informations renseignées dans la déclaration statistique.
Portail Internet de la Douane. - Les deux nouvelles déclarations doivent être déposées sur le portail Deb Web de la Douane qui sera très prochainement adapté. La Douane a d'ores et déjà publié des commentaires sur cette réforme :
Entrée en vigueur. - Ces mesures entrent en vigueur au 1er janvier 2022. Autrement dit, les opérations pour lesquelles la déclaration ou l'état récapitulatif est exigé sont celles réalisées à compter du 1er janvier 2022 et pour lesquelles l'exigibilité de la TVA intervient à partir de cette date.
Source : L. fin. 2022, art. 30, I, 15°, 16° et 24°, II et III, D
La TVA à l'importation fait désormais l'objet d'un mécanisme d'autoliquidation pour tous les assujettis depuis le 1er janvier 2022. Autrement dit, la TVA sur les importations de biens en France n'est plus payée lors de la déclaration en douane mais est déclarée sur la déclaration de TVA mensuelle, et déduite si l'assujetti est autorisé à le faire. Le recouvrement de la TVA à l'importation a été transféré de la Douane à la Direction Générale des Finances Publiques.
La loi de finances pour 2022 apporte quelques ajustements à cette réforme :
Source : L. fin. 2022, art. 30, I, 13° et 23°
La loi de finances rationalise les taux de TVA applicables aux produits agroalimentaires. Plusieurs taux étaient en effet susceptibles de s'appliquer en fonction du taux de transformation du produit ce qui aboutissait à des règles complexes, source d'insécurité juridique pour les contribuables.
A compter du 1er janvier 2022, les règles sont simplifiées de la manière suivante :
Source : L. fin. 2022, art. 30, I, 10°, a et 11°
Situation actuelle. - Un acompte représente le paiement en avance de tout ou partie du prix convenu entre les parties pour une transaction future. Actuellement, lorsqu'un client verse un acompte sur une livraison de biens, cette opération ne rend pas exigible la TVA. Ce n'est qu'à la date de la livraison des biens que celle-ci sera exigible.
Nouvelle mesure. - À compter du 1er janvier 2023, les acomptes payés pour les livraisons de biens seront soumis à la TVA (CGI, art. 269, 2, a, al. 1 modifié). En pratique, cette mesure permettra aux clients assujettis de récupérer la TVA dès réception de la facture d'acompte (et non plus lors de la réception de la facture définitive).
Les factures d'acompte devront respecter l'ensemble des mentions obligatoires prévues par la loi afin de permettre au client de disposer d'une facture en bonne et due forme pour exercer son droit à déduction.
Source : L. fin. 2022, art. 30, I, 8° et III, B
Situation actuelle. - A titre expérimental, les limites d'application de la franchise en base de TVA en faveur des entreprises situées en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion ont été relevées du 2 mars 2017 au 2 mars 2022 (CGI, art. 293 B).
Nouvelle mesure. - En raison de la crise sanitaire qui persiste dans ces territoires, la loi de finances pour 2022 proroge jusqu'au 31 décembre 2022 ces franchises en base majorées.
Pour les assujettis établis en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, les limites d'application de la franchise en base de TVA sont les suivantes :
Source : L. fin. 2022, art. 33
La loi de finances pour 2022 ouvre la possibilité aux entrepreneurs individuels d'opter pour l'assujettissement de leurs résultats professionnels à l'impôt sur les sociétés, sans avoir à changer de statut juridique, par assimilation à des EURL.
Cette mesure a été adoptée en parallèle de la création à compter du 1er janvier 2022 d'un statut unique d'entreprise individuelle plus protecteur en termes de responsabilité, et de la suppression du statut d'EIRL qui permettait déjà d'opter pour l'IS.
L'option pour l'IS est désormais ouverte aux entrepreneurs individuels soumis à un régime réel d'imposition de plein droit ou sur option. Sont ainsi exclus les professionnels relevant du régime micro-BIC (CGI, art. 50-0) ou micro-BNC (CGI, art. 102 ter) (CGI, art. 1655 sexies, 1).
Du fait de son assimilation à une EURL, l'option pour l'IS entraîne les conséquences suivantes :
En principe, l'option pour l'IS est irrévocable. Il est toutefois possible pour l'entrepreneur individuel d'y renoncer si deux conditions cumulatives sont respectées :
Entrée en vigueur. - L'entrée en vigueur de cette mesure est reportée à la publication au Journal officiel de la loi en faveur de l'activité professionnelle indépendante en cours de discussion devant le Parlement et à l'entrée en vigueur de l'article L. 526-22 du Code de commerce qui en est issu.
Source : L. fin. 2022, art. 13
À compter du 1er janvier 2022, le taux normal de l'impôt sur les sociétés est fixé à 25 % pour toutes les sociétés, quel que soit le montant de leur chiffre d'affaires. Le taux réduit dont peuvent bénéficier les PME reste fixé à 15 % pour les premiers 38 120 € de bénéfice imposable.
Source : L. n° 2018-1837, 30 déc. 2017, art. 84 ; L. n° 2019-759, 24 juill. 2019, art. 4 ; L. n° 2019-1479, 28 déc. 2019, art. 39
Situation actuelle. - Certaines entreprises dénommées “jeunes entreprises innovantes” bénéficient d'un régime d'exonération temporaire d'impôt sur les bénéfices dès lors qu'elles réalisent des projets de recherche et de développement (CGI, art. 44 sexies-0 A et art. 44 sexies A). Les entreprises créées entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2022 peuvent avoir le statut de JEI à compter de l'année de leur création et jusqu'à l'année précédant celle de leur huitième anniversaire.
Nouvelle mesure. - La loi de finances pour 2022 modifie cette dernière condition et prolonge de 3 ans la durée du statut de JEI, qui passe ainsi de 7 à 10 ans.
Entrée en vigueur. - Cette mesure s'applique :
Source : L. fin. 2022, art. 11
Situation actuelle. - Pour inciter les entreprises à venir s'installer dans certaines zones, la politique d'aménagement du territoire a créé des régimes fiscaux de faveur pour les entreprises. D'application limitée dans le temps, ces régimes de faveur prévoient des exonérations totales ou partielles d'impôt sur les bénéfices, de contribution économique territoriale, de taxe foncière, de cotisations patronales…
Arrivent à échéance le 31 décembre 2022 : les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), les zones franches urbaines-territoires entrepreneurs (ZFU-TE), les bassins d'emploi à redynamiser (BER), les bassins urbains à dynamiser (BUD), les zones de revitalisation rurale (ZRR), les zones d'aide à finalité régionale (ZAFR), les zones d'aide à l'investissement des petites et moyennes entreprises (ZAIPME), les zones de développement prioritaire (ZDP).
Nouvelle mesure. - La loi de finances pour 2022 proroge d'une année, soit jusqu'au 31 décembre 2023, les huit dispositifs susvisés. En parallèle, le Gouvernement mène une étude sur l'efficacité des dispositifs fiscaux de la politique d'aménagement du territoire qui aboutira à une vaste réforme dans les prochaines années.
Source : L. fin. 2022, art. 68
Situation actuelle. - Les dirigeants de PME soumises à l'impôt sur les sociétés qui cèdent à titre onéreux les parts ou actions de leur société à l'occasion de leur départ en retraite peuvent bénéficier d'un abattement fixe de 500 000 € sur les gains retirés de cette cession à condition notamment de cesser toute fonction dans la société concernée et de faire valoir leurs droits à la retraite dans les 2 années précédant ou suivant la cession (CGI, art. 150-0 D ter). Cet abattement devait s'appliquer pour les cessions réalisées du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2022.
Nouvelles mesures. - La loi de finances pour 2022 proroge le dispositif d'abattement fixe de 2 ans qui s'applique ainsi aux cessions réalisées jusqu'au 31 décembre 2024.
Par ailleurs, elle prolonge temporairement et sous certaines conditions, le délai dans lequel doivent être cédés les titres après le départ à la retraite du dirigeant. Il est ainsi porté à 3 ans (au lieu de 2) lorsque le cédant fait valoir ses droits à la retraite entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2021 et ce départ en retraite précède la cession. Le cédant doit cesser toute fonction dans la société dont les titres ou droits sont cédés et faire valoir ses droits à la retraite dans les 3 années précédant la cession.
Source : L. fin. 2022, art. 19, II et III
La loi de finances prévoit que sont exonérées de cotisations et contributions sociales les sommes remises volontairement au cours des années 2022 et 2023 par les clients pour le service (“pourboires”), directement aux salariés ou à l'employeur et reversées par ce dernier au personnel en contact avec la clientèle.
Cette mesure est réservée aux salariés dont la rémunération mensuelle n'excède pas 1,6 SMIC au titre des mois civils concernés.
Parallèlement, ces pourboires sont exonérés d'impôt sur le revenu. Ils seront pris en compte pour le calcul du revenu fiscal de référence et devront en conséquence toujours faire l'objet d'une déclaration auprès de l'administration fiscale.
Source : L. fin. 2022, art. 5
Situation actuelle. - Les contribuables qui font l'objet de rappel à raison d'avoirs détenus à l'étranger non déclarés encourent une majoration de 80 % (CGI, art. 1729-0 A, I).
Nouvelle mesure. - Afin de renforcer la lutte contre la fraude fiscale, la loi de finances prévoit que les contribuables dans cette situation sont désormais privés de certains avantages fiscaux (CGI, art. 1731 bis). Il leur est interdit d'imputer sur les suppléments de droits :
Entrée en vigueur. - Ces dispositions s'appliquent à compter de l'imposition des revenus de l'année 2021 et de l'impôt sur la fortune immobilière dû au titre de l'année 2022.
Source : L. fin. 2021, art. 140
Au 1er janvier 2022, le SMIC est revalorisé de 0,9 % pour atteindre 10,57 € par heure (contre 10,48 € par heure depuis le 1er octobre 2021), soit 1 603,12 € par mois sur la base de la durée légale du travail de 35 heures de travail hebdomadaire. Ces minima s'appliquent en métropole, en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à La Réunion, à Saint-Barthélemy, à Saint-Martin et à Saint-Pierre-et-Miquelon.
A Mayotte, le montant du SMIC brut horaire s'élève à 7,98 € (augmentation de 0,9 %), soit 1 210,30 € mensuels sur la base de la durée légale du travail de 35 heures hebdomadaires.
Le minimum garanti s'établit à 3,76 € au 1er janvier 2022.
Source : D. n° 2021-1741, 22 déc. 2021 : JO 23 déc. 2021
Personnes physiques ou morales intervenant dans le commerce intracommunautaire
Employeurs redevables de la taxe sur les salaires
Télépaiement de la taxe sur les salaires versés en janvier 2022 si le montant de la taxe acquittée en 2021 excède 10 000 €.
Intermédiaires intervenant dans la conclusion de contrats de prêts
Déclaration n° 2062 relative aux contrats de prêts, dont le montant en capital excède 5 000 €, conclus au cours de l'année 2021.
Établissements payeurs de revenus de capitaux mobiliers
Déclaration n° 2561 et/ou n° 2561 bis relative aux opérations sur valeurs mobilières intervenues en 2021 (imprimé IFU).
Entreprises bénéficiant du régime de la franchise en base de TVA
Option pour le paiement de la taxe à compter du mois de février 2022.
Agents et sous-agents généraux d'assurances
Option pour le régime des traitements et salaires pour l'imposition de leurs revenus professionnels de 2022.
Propriétaires de locaux à usage de bureaux, de locaux commerciaux, de locaux de stockage et de surfaces de stationnement annexées à ces locaux en Île-de-France
Déclaration n° 6705 B ou 6705 BK et paiement de la taxe sur les bureaux et de la taxe additionnelle sur les surfaces de stationnement.
Locataires de panneaux d'affichage
Déclaration n° 2061-SD par les locataires et les syndics de copropriété des loyers versés en 2021.
Tous les contribuables
Paiement des impôts directs (impôt sur le revenu, impôts locaux, etc.) mis en recouvrement entre le 15 décembre 2021 et le 15 janvier 2022.
Redevables de la TVA et des taxes assimilées
Propriétaires d'immeubles
Déclaration, dans un délai de 90 jours à compter de leur réalisation définitive ou, à défaut, de leur acquisition, des constructions nouvelles et des changements de consistance ou d'affectation des propriétés bâties et non bâties réalisés en novembre 2021 sous peine, notamment, de la perte totale ou partielle des exonérations temporaires de taxe foncière.
Travailleurs indépendants
Paiement par prélèvement de la fraction mensuelle ou trimestrielle des cotisations provisionnelles exigibles.
Employeurs de moins de 50 salariés, quelle que soit la date de versement des salaires du mois
Lorsque la date limite tombe un samedi, un dimanche ou un jour férié, certains organismes sociaux peuvent accorder un report de délai jusqu'au jour ouvrable suivant.
Travailleurs indépendants
Paiement par prélèvement de la fraction mensuelle des cotisations provisionnelles exigibles.
Tous employeurs
Date limite de paiement des cotisations de retraite complémentaire obligatoire exigibles au titre des rémunérations de la période d'emploi du mois de décembre aux caisses de retraite AGIRC-ARRCO.
Micro-entrepreneurs
Déclaration du chiffre d'affaires réalisé au titre du mois de janvier 2022 par les micro-entrepreneurs soumis au régime micro-social ayant opté pour la déclaration mensuelle, et paiement des cotisations correspondantes.
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